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Alors qu’un prochain « round » d’ouverture est envisagé à l’horizon 2025, l’Afnic dresse un bilan de l’évolution des extensions lancées fin 2013, qu’on désigne encore par l’expression « nouvelles extensions » ou nTLDs pour « new Top Level Domains ».

 

Annoncée dès 2005, l’ouverture des nouvelles extensions commence véritablement fin 2013 : l’ICANN, l’autorité de régulation de l’Internet, retient 1 794 dossiers après de longs mois consacrés à l’examen des 1 930 candidatures reçues en juin 2012. Et les premières extensions validées, parmi lesquelles le .SEXY, font leur entrée dans le monde de l’Internet début 2014 comme le rapporte Stéphane Van Gelder dans son article sur le journal du net. Au 4 juillet 2014, on compte 334 extensions activées, dont 29 en caractères non latins. La millième est ouverte en mai 2016. Un pic est atteint fin 2018 avec 1 198 extensions actives (celles qui ont au moins 1 nom de domaine en portefeuille), puis revient à 1 152 au 31 décembre 2022 après quelques abandons ou suppressions. Que représentent ces extensions ? Comment ont-elles évolué en 10 ans ?

 

ENVIRON 10 % DU TOTAL DES NOMS DE DOMAINE ENREGISTRÉS DANS LE MONDE

 

31 millions : il s’agit du nombre estimé de noms de domaine enregistrés dans les nouvelles extensions fin 2022 sur un total d’environ 355 millions, toutes extensions confondues à l’exception des « Penny TLDs »*, dans un marché en croissance de 1,9 % vs 2021 mais toujours dominé par le .COM (164 millions). Notons que le plus haut volume d’enregistrements dans ces nTLDs avait atteint 35 millions en 2019 grâce au succès, très éphémère, de l’extension .ICU (« I see you »).

Ces nouvelles extensions peuvent se répartir en cinq segments

  • Communautaires, telles que .GAY ou .GOLF, par exemple
  • Géographiques, extensions qui désignent une ville (.PARIS, .LONDON…) ou une région (.BZH, par exemple)
  • Génériques, extensions telles que .KIDS
  • Marques, extensions créées par de grands groupes pour des usages internes ou étendus à leurs clients et partenaires (.BNPPARIBAS, .LECLERC, par exemple),
  • Marques « ouvertes », extensions correspondant à des marques déposées par des entreprises propriétaires de ces marques et ouvertes à un public beaucoup plus large. Il n’y en a plus que deux après révision de la liste en 2021 : .CPA et .OVH dont les volumes représentent un segment à part entière, proche des génériques, précise l’Afnic.

En l’absence d’une nomenclature officielle des nTLDs, une telle répartition est loin d’être figée et peut varier en fonction des usages et conditions impactant chacune de ces extensions. Par exemple, le .GIVING est passé en 2022 du segment des .MARQUE à celui des Génériques, comme les .BOX et .SBS en 2021 et d’autres auparavant.

De même, la répartition en volumes de noms déposés ne reflète pas le nombre de TLDs dans chaque segment, comme le montrent les deux graphiques ci-dessous.

*Remarque : les « Penny TLDs » se caractérisent par un profil atypique et une stratégie de développement basée sur la distribution gratuite ou presque de leurs noms de domaine afin de susciter l’intérêt du public et de certains investisseurs, appelés « domainers », ce qui provoque des enregistrements massifs la première année puis un fort taux d’abandon. On les trouve principalement en Afrique et en Asie-Pacifique. Ces extensions devraient être intégrées dans le périmètre de sécurité de toute entreprise internationale.

 

10 ANS APRÈS, UN BILAN CONTRASTÉ DES NOUVELLES EXTENSIONS

 

S’il apparaît sans doute contrasté, ce bilan des dix ans est surtout représentatif d’un marché vivant, susceptible de réagir et de s’adapter rapidement à mesure des besoins internes, notamment pour les .MARQUE, et/ou des attentes des clients et des internautes, pour les extensions communautaires et géographiques. Les génériques, quant à elles, peuvent développer des ambitions mondiales ou se focaliser sur des niches, voire les deux à la fois, selon le potentiel représenté par leur vocable (compréhensible ou non dans le monde entier).

D’une manière générale, les ajustements réalisés, plus ou moins importants, procèdent de stratégies différentes selon les segments considérés. Cependant, les taux de maintenance fournissent un éclairage intéressant. Ils seraient, selon l’Afnic, déterminants pour analyser le succès d’un TLD et ses chances de pérennité. Ainsi, on relève en 2022 pour chaque segment les taux suivants, tous plus ou moins en progression par rapport à 2021 :

– Communautaires : 78 % vs 75 %
– Géographiques : 86 % vs 74 %
– Génériques : 47 % vs 38 % en nette progression
– Marques ouvertes : 81 % vs 50 % en forte progression
– Marques : 94 % vs 91 %, le taux toujours le plus élevé.

 

LE SEGMENT QUI TIRE SON ÉPINGLE DU JEU

 

L’Afnic considère que le succès d’un TLD repose en réalité sur sa capacité à dégager de la valeur pour son registre et la communauté internet ciblée, et cette valeur se mesure différemment selon le segment considéré. En clair, leur activité doit être rentable, eu égard notamment aux frais annuels exigés par l’ICANN, de 25 000 $ par an pour les nTLDs disposant de moins de 50 000 noms de domaine en stock.

Pour cette raison, les .MARQUE semblent les plus favorisés : créées par de grands groupes, ces extensions sont en effet destinées à leur propre usage. De fait, le budget nécessaire au fonctionnement de l’extension reste relativement modeste au regard des investissements indispensables au développement de la présence sur Internet d’un grand groupe.

 

ET APRÈS, QUELLES PERSPECTIVES POUR LES NOUVELLES EXTENSIONS ?

 

Selon l’Afnic, face à ces conditions de marché compliquées car peu lisibles à moyen et long terme, les deux tendances de fond que sont la concentration des acteurs et la recherche d’innovations sur des thématiques connexes aux noms de domaine (Data, Cybersécurité, IoT, identités numériques…) resteront toujours d’actualité.

Le registre français estime en effet que les noms de domaine prennent d’autant plus de sens et de valeur qu’ils sont associés à des usages. Les évolutions permanentes de ceux-ci font de l’innovation un moteur constant de ce marché, et une nécessité impérative pour tous ses acteurs.

Mais la physionomie du marché lui-même évoluera à mesure que les pure players seront de moins en moins nombreux, au terme de processus d’alliances, fusions et acquisitions avec d’autres acteurs de la chaîne de valeur « Présence internet ».

 

CONSEIL D’EXPERT

 

L’analyse de l’Afnic confirme que le marché des noms de domaine est toujours dans une phase de maturité. Il est donc logique d’assister à une concentration progressive des acteurs, une tendance qui pourrait être perturbée à l’approche du second « round » d’ouverture.

En effet, à cette occasion, il ne serait pas surprenant de voir apparaître de nouveaux investisseurs intéressés à l’obtention d’une extension. Lors du dernier congrès de l’ICANN, le sujet a fait l’objet de toutes les attentions : au programme notamment, l’examen et la clarification des prochaines politiques à mettre en œuvre ainsi que la révision du guide des candidatures.

L’étude complète de l’Afnic est disponible ici.

Par Raphael TESSIER et Sophie AUDOUSSET pour EBRAND France.

 

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