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Foin des mesures de quarantaine ! Les pirates s’adaptent et sont là, toujours plus actifs. Le Covid-19 leur permet de surfer sur la vague d’anxiété qui s’empare des consommateurs en irriguant la toile de produits pharmaceutiques contrefaits et potentiellement dangereux. Les chiffres déjà alarmants révélés par la récente étude menée par l’OCDE et l’EUIPO risquent d’être largement dépassés.

 

DU CORONAVIRUS A LA « CORONA-MAFIA »

 
« Les organisations criminelles sont comme la Bourse, elles anticipent toujours les directions », écrit Roberto Saviano le 22 mars dernier dans « la Repubblica ». Plus loin, le journaliste et écrivain italien, auteur de « Gomorra », un livre remarqué sur la mafia napolitaine, connue sous le nom de Camorra, explique. « La pandémie est le moment idéal pour les mafias et la raison est simple : si vous avez faim, vous cherchez du pain, peu importe de quel four il provient et qui le distribue ; si vous avez besoin d’un médicament, vous payez, vous ne vous demandez pas qui vous le vend, vous le voulez. Ce n’est qu’en temps de paix et de bien-être que le choix est possible ».
 

2 500 LIENS SUPPRIMES SUR INTERNET ET 13 MILLIONS D’EUROS DE PRODUITS SAISIS

 
C’est un fait, il a suffi d’un virus et de la peur qu’il a suscitée pour que les fraudes se propagent à la même vitesse que lui. Une preuve ? La dernière opération PANGEA, coordonnée par INTERPOL dans plus de 90 pays entre les 3 et 10 mars 2020 s’est traduite par :

  • 121 arrestations ;
  • 13 millions d’euros de produits pharmaceutiques potentiellement dangereux saisis ;
  • 326 00 colis inspectés ;
  • 48 000 colis saisis ;
  • 4,4 millions d’unités de produits pharmaceutiques illicites saisies dans le monde entier ;
  • 37 000 dispositifs médicaux non autorisés et contrefaits saisis (principalement des masques chirurgicaux et des kits d’autotest pour la surveillance du VIH et du glucose) ;
  • 37 groupes de crime organisé démantelés ;
  • 2 500 liens supprimés, notamment sur les sites web, médias sociaux, places de marché en ligne, publicités.

Les résultats de l’opération révèlent aussi une augmentation inquiétante des médicaments antiviraux non autorisés et notamment un bond de plus de 100 % des saisies de chloroquine par rapport à la même opération réalisée en 2018.
 

1 € LE CACHET D’HYDROXYCHLOROQUINE

 
L’hydroxychloroquine encore ! Le 31 mars, le travail mené par la Section de recherches de Strasbourg conduit à la fermeture de 70 sites et blogs de vente illicite (jusqu’à « un euro le cachet », contre 4 euros environ la boîte de 30 en pharmacie) de ce produit fort recherché. Les enquêteurs ont pu dénombrer plus de 43 000 visiteurs sur ces sites, notamment en provenance de France et d’Italie, entre le 1er et le 29 mars, selon Pablo Agnan, de « GENDinfo ».

Si la crise actuelle aggrave considérablement le phénomène, elle ne l’a pourtant pas déclenché. Le rapport publié conjointement par l’OCDE et l’EUIPO le 23 mars 2020 estime en effet la valeur totale des produits pharmaceutiques de contrefaçon commercialisés dans le monde à 4,03 milliards d’euros. Une somme probablement sous-évaluée puisque selon l’EUIPO, « les conclusions du rapport ne couvrent pas les produits pharmaceutiques de contrefaçon fabriqués et consommés sur les territoires nationaux et au sein de l’Union européenne. »

À juste titre, la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) rappelle notamment sur son site qu’il n’existe pas à ce jour de vaccin, que les dépistages du Coronavirus sont uniquement effectués par les autorités sanitaires, que des sites internet frauduleux cherchent à vendre des médicaments alléguant une efficacité contre le virus…alors que la vente de ces derniers n’est possible que sur prescription médicale et en pharmacie.
 

Conseil d’expert

Déjà, dans notre article du 1er février sur la contrefaçon de médicaments, nous relevions que ce trafic mortifère rapportait probablement 20 fois plus que l’héroïne et faisions état des chiffres suivants :

  • 1 million de décès annuels dans le monde dus directement ou indirectement à l’absorption de médicaments falsifiés ou contrefaits (chiffres OMS 2013),
  • 10,2 milliards d’euros perdus chaque année rien que dans l’UE.

Dans le contexte actuel de pandémie, il est devenu indispensable pour les autorités comme les industriels des secteurs pharmaceutique et parapharmaceutique de surveiller ce qui se passe sur les places de marché en ligne, les réseaux sociaux, les sites Web et les noms de domaine. Ces surveillances permettent de détecter et supprimer les infractions mais aussi de collecter un certain nombre d’informations qui, recroisées, peuvent justifier et déclencher une enquête.

Rappelons qu’en cette période de confinement, EBRAND se met à la disposition des autorités et des industriels des secteurs concernés.

Par Raphaël TESSIER & Sophie AUDOUSSET pour EBRAND France.

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